Qui inspire Pierre-Yves Noël ?

Dans la lignée de Laurent Gerra, Patrick Sébastien et Thierry Le Luron

Laurent Gerra

Laurent Gerra – L’art de l’imitation au vitriol

 

Né le 29 décembre 1967 à Bourg-en-Bresse, Laurent Gerra est un imitateur et humoriste français connu pour son sens de la caricature mordante. Acteur et scénariste à ses heures, il s’est imposé dès les années 90 comme l’un des grands noms du rire à la française, en épinglant avec jubilation les figures du monde politique, du showbiz et des médias.

 

Fils unique d’un couple jeune et frondeur – une mère vendeuse en linge de maison, un père employé dans les transports – il grandit dans une atmosphère de liberté et de franc-parler. L’odeur des morilles, les cueillettes de mûres sur les flancs des montagnes, les balades avec vue imprenable sur la région, et le Tour de France qui passait chaque été : son enfance, il s’en souvient comme d’un décor de carte postale, vivant et attachant.

 

À seulement cinq ans, il commence à imiter… tout ce qui bouge ! Michel Sardou, Jacques Dutronc, et même les personnages de La Petite Maison dans la prairie passent entre ses cordes vocales. À l’école, pourtant, l’ambiance est moins fun : allergique à l’autorité, il squatte le radiateur du fond de la classe, distraie les copains, et rêve déjà de scène.

 

En 1985, il entame des études de communication, mais son vrai plan est ailleurs. Il réussit à se faire réformer du service militaire après un test psychologique… un peu trop convaincant. Quand le médecin militaire devine la supercherie, Gerra avoue tout : il fait ses premiers spectacles à Lyon et veut tenter sa chance à Paris. Réponse du médecin : "Allez-y. Rêvez grand." Et il a eu raison.

Thierry Le Luron

Thierry Le Luron – L’imitation en version coup de poing

 

Né le 2 avril 1952 à Paris, Thierry Le Luron n’était pas juste un imitateur : c’était une tornade de talent, un sniper de la vanne politique, une voix capable de faire vibrer les cabarets comme les plateaux télé. Comédien, chanteur, humoriste, il a marqué les années 70 et 80 en transformant l’imitation en art de scène… et de clash.

 

Issu d’un milieu modeste, il rêve d’abord de chanson. À peine sorti de l’adolescence, il remporte Le Jeu de la chance à la télé en 1970. Très vite, il bluffe tout le monde par son aisance et ses imitations bluffantes, notamment celle – osée à l’époque – du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas. Il fait ses armes dans les cabarets parisiens, enchaîne les spectacles, et commence à se forger une réputation de franc-tireur à la voix d’or.

 

Dans les années 70, il passe à la vitesse supérieure : entouré d’auteurs mordants, il affine son style. Plus corrosif, plus politique, plus engagé. Giscard, Mitterrand, Chirac, Barre, Marchais… tous passent à la moulinette avec humour et précision chirurgicale. Il ne fait pas dans la dentelle, et c’est justement ce que le public adore.

 

Moment culte : en 1984, en direct dans Champs-Élysées, il parodie Gilbert Bécaud avec L’emmerdant, c’est la rose, en visant directement François Mitterrand. Deuxième coup d’éclat l’année suivante : un faux mariage avec Coluche, en réponse aux mariages "bling-bling" des célébrités télé. Provoc’ ? Oui. Mais toujours drôle, toujours intelligent.

 

Côté vie privée, Le Luron reste discret, presque secret. Ses choix de vie, son train de vie, ses amitiés comme ses silences… tout alimente les fantasmes et les débats. Sa disparition en 1986, à seulement 34 ans, reste entourée de mystère, même si ses proches ont ensuite confirmé qu’il était atteint du sida.

 

Mais au fond, ce qu’on retient, c’est l’artiste. L’homme qui a donné ses lettres de noblesse à l’imitation en la portant jusqu’à l’Olympia. Celui qui, d’un trait de voix, pouvait faire rire une salle entière… ou faire grincer quelques dents au sommet de l’État.

Patrick Sébastien

Patrick Sébastien – Le roi de la fête, des imitations… et du grand spectacle

 

Né le 14 novembre 1953 à Brive-la-Gaillarde, Patrick Sébastien, de son vrai nom Patrick Boutot, est une véritable bête de scène et de télé. Longtemps tenté par une carrière dans le rugby (il deviendra plus tard président du club de Brive), il se découvre très tôt un don pour l’imitation et le show. Cap sur Paris en 1974, où il enchaîne les cabarets – notamment La Main au Panier – avec des spectacles truffés de personnages plus vrais que nature.

 

C’est à la télévision qu’il explose vraiment : Carnaval, Sébastien c’est fou !, Le Grand Bluff (qui pulvérise les records d’audience), puis bien plus tard Le Plus Grand Cabaret du Monde et Les Années Bonheur. Déguisements, surprises, talents venus du monde entier… Il impose un style inimitable, à la fois populaire, généreux et festif.

 

Côté musique, Patrick Sébastien est l’auteur-interprète de tubes devenus cultes dans toutes les fêtes : La Fiesta, Le Petit Bonhomme en mousse, Tournez les serviettes, Les Sardines… Impossible de ne pas chanter en chœur !

 

Mais il n’a jamais abandonné la scène : de l’Olympia aux zéniths de France, il joue ses propres spectacles (Sans interdit, Le Secret des Cigales, Ça va être ta fête !), mêlant chansons, imitations, confidences et grandes émotions.

 

Polyvalent, il est aussi écrivain (Au bonheur des âmes, Putain d’audience…), réalisateur, comédien à ses heures, et producteur. Il a d’ailleurs été l’un des premiers à offrir leur chance à des talents comme Albert Dupontel, Dany Boon ou Yves Jamait.

 

Aujourd’hui encore, Patrick Sébastien continue d’arpenter les routes de France avec son éternel sens de la fête et de la liberté, fidèle à lui-même : drôle, provoc’, généreux, et toujours là où on ne l’attend pas.

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